L’origine de Paris
Au début était la Seine. Ce fleuve tranquille a
très tôt attiré les hommes. Sur ses berges, il y a 12000 ans, un campement de
chasseurs s’est établi à Pincevent, près de Melun. Le site de Paris est occupé
un peu plus tard, vers 9000 av. J-C.
Des marécages bordaient alors la Seine; l’actuel
quartier du Marais en tire son nom. Quelques collines surplombent la plaine
alluviale: Monmartre et Chaillot au nord, la montagne Sainte- Geneviève au sud.
Au milieu du fleuve, se trouvent 7 îles. Les 3 plus importantes forment
aujourd’hui l’île de la Cité et l’île Saint-Louis, née au XVIIe
siècle de la réunion de 2 îles.
Vers 300 av J.-C. la tribu celte des Parisii
s’établit dans l’île de la Cité. Ils la nomment Lutetia, ce qui signifierait en
celtique, “habitat dans le marais”. Bons métallurgistes, marchands actifs, les
Parisii prospèrent. Leur belle monnaie d’or circule dans tout le nord de la
Gaule.
La conquête romaine va tout bouleverser. Dans sa
conquête de la Gaule, Jules César comprend l’intérêt stratégique de la cité des
Parisii. Il envoie son lieutenant Labienus s’en emparer. En 52 av. J.- C. la
ville est incendiée et passe sous la domination romaine pour plus de quatre
cents ans.
Les Romains reconstruisent Lutèce en appliquant
leur modèle d'urbanisme. La ville occupe l’île de la Cité et s’étend sur la
rive gauche jusqu’à la montagne Sainte- Geneviève, et la rive droite, trop
marécageuse, est délaissée. Plus tard de nombreux édifices publics ornent déjà
la cité: thermes, forum, théâtre et arènes. Celles-ci parmi les plus vastes de
Gaule, accueillent plus de 10 000 spectateurs. Des aqueducs et des
canalisations alimentent la ville en eau courante, captée dans un rayon de 25
kilomètres. Ce premier essor de Lutèce se brise au IIIe siècle après
J.-C. parce que bientôt elle est envahie par les Barbares. L’Empire romain
paraît sombrer dans l’anarchie.
PARIS ET SES SAINTS
Le christianisme, nouvelle religion venue d’Orient
s’impose peu à peu. Les premiers missionnaires, en butte aux persécutions
païennes, arrivent à Lutèce. Leur chef, l’évêque grec Denys, et 2 de ses
disciples, sont arrêtés en 250. Condamnés à mort, ils sont décapités sur le
mont Mercure, devant le temple de Mars. Selon la légende, Denys aurait ramassé
sa tête, pour la porter jusqu’à un cimetière païen.
Deux siècles après, victorieux du paganisme, les
chrétiens baptisent le mont Mercure, mont des Martyrs ou Montmartre. Sur la
tombe du premier évêque de Paris, ils édifient à partir de 475, la basilique
Saint-Denis. Plus tard, les rois de France s’y feront inhumer. Comme beaucoup
d’autres villes Lutèce retrouve à cette époque son nom celtique et devient
Paris, la cité des Parisii. Au Ve siècle l’Empire occidental romain
s’effond sous le coup des grandes invasions barbares. De tous ces envahisseurs,
Attila, surnommé “le fléau de Dieu”, est le plus redouté. En 451, à la tête des
Huns (les Huns, venus d’Asie, détruisent tout sur leur passage. Ils vivent à
cheval, ils mangent et dorment sur leur monture), il se dirige vers Paris.
Les Parisiens sont pris de panique, mais Geneviève,
modeste bergère de Nanterre, les réconforte. Dieu sauvera la ville,
promet-elle. Sa prière est exaucée: la horde d’Attila épargne la cité, et
Geneviève devient la sainte patronne de Paris. En 508, le roi des Francs,
Clovis, nouveau maître de la Gaule, fait de Paris la capitale de son royaume.
Les successeurs de Clovis, les Mérovingiens, séjournent peu dans leur capitale.
Charlemagne l’abandonne pour Aix-la-Chapelle. Paris vit désormais sous la double
autorité d’un comte, représentant du roi, et d’un évêque.
Si la ville n’a plus de rôle politique important,
elle conserve un grand prestige religieux. Au VIIIe siècle, elle
compte des dizaines d’églises et plusieurs abbayes. On vient de loin y prier
Saint Denis, Sainte Geneviève, Saint Marcel, Saint Germain et tant d’autres.
Fidèles, pèlerins et marchands se pressent autour des lieux de culte qui
s’enrichissent. Cela suscite la convoitise de nouveaux envahisseurs. Les
Normands, “hommes du Nord’’, ou Vikings, viennent de Scandinavie. Au IXe
siècle, ils écument les côtes de la mer du Nord et de la Manche. A bord leurs
drakkars, longs bateaux très maniables, ces pirates remontent la Seine, pillant
tout sur leur passage. Ils atteignent Paris une première fois en 845. Ils y
reviendront à cinq reprises.
Le siège le plus long commence en 885. Les
Parisiens, conduits, par le comte Eudes et l’évêque Gozlin, résistent une année
durant. Fin 886, la ville est sauvée, mais tous les quartiers extérieurs à
l’île de la Cité, notamment les abbayes, sont détruits. En 911, le roi Charles
le Simple donne ce qui deviendra la Normandie au Scandinave Rollon. La menace
décroît. Paris peut à nouveau prospérer. Peu après, une nouvelle dynastie de
rois monte sur le trône: les Capétiens. En 987, Hugues Capet devient roi de
France, mais son autorité se limite à son domaine personnel, pour l’essentiel
l’Ile-de-France et l’Orléanais. Au centre de ce domaine, Paris redevient la
capitale du royaume. L’économie redémarre. Les foires commerciales de Troyes,
Provins et Saint-Denis, attirent vers la ville marchandises et capitaux. La
population augmente et de nouvelles terres sont défrichées.
Paris de Moyen Age
En 1163, l’évêque de Paris (soixante-douzième),
Maurice de Sully, décide d’édifier une cathédrale digne de la capitale. Ce sera
Notre-Dame de Paris, une des grandes réussites de l’architecture gothique. La
construction de la cathédrale est achevée en 1250, mais la réalisation complète
des plans originaux attendra 1345. Le parvis, avec ses trois portails et sa
superbe rosace, forme un vrai livre de pierre sculptée. C’est un lieu plein de
vie. On y joue des “mystères”, représentations théâtrales à sujet religieux qui
parfois durent plusieurs jours.
A l’ombre de la cathédrale des écoles renommées se
sont développées dès le Xe siècle. En 1115, Abélard, un maître
célèbre, décide de quitter la Cité pour s’installer sur la montagne
Sainte-Geneviève qui domine la rive gauche, alors peu habitée. D’autres
professeurs l’imitent, puis décident de s’unir en formant une corporation,
reconnue par le pape Innocent III en 1215. L’université de Paris est née. La
rive gauche devient le quartier des études, d’où son nom de “quartier Latin”,
car les cours sont données dans cette langue. Les étudiants viennent de toute
l’Europe, ils sont 10 000 à la fin du XIIIe siècle, chiffre
considérable pour l’époque. Des donateurs ouvrent des collèges pour les
héberger. Robert de Sorbon, chapelain du roi Saint Louis, fonde le premier, en
1257. Appelé “Sorbonne” en son souvenir, il sert de siège à l'université de
Paris. Les professeurs donnent leurs cours à leur domicile, puis au sein des
collèges, à partir du XVe siècle.
Le quartier Latin abrite de nombreux métiers liés à
l’enseignement: copistes, enlumineurs, libraires et imprimeurs, après 1450. Les
capétiens encouragent l’expansion de Paris. Philippe Auguste fait paver les
principales rues de Paris, jusque-là embourbées par la pluie. Pour protéger la
ville, le roi fait construire un rempart qui englobe les deux rives, et ne se limite
plus à la Cité. Philippe Auguste veut conserver à Paris, dans une forteresse,
son trésor et ses archives (auparavant, il les transportait partout avec lui.
Il les a même perdus lors d’une défaite, en 1197). Ce coffre fort de la
monarchie sera le Louvre, château fort en bord de Seine, il renforce aussi
l’enceinte fortifiée. Le roi n’y habite pas. Il réside dans son palais de la
Cité que ses successeurs agrandiront. Saint Louis dote Paris en 1246 de la
Sainte-Chapelle (le plus parfait des monuments du gothique pur. Cet édifice se
compose de 2 étages: la chapelle basse, destinée aux gens de l’enceinte du
palais, et la chapelle haute, destinée au roi et à sa famille).
Au XIVe siècles, Charles V fait du
Louvre un palais habitable et y installe sa librairie, d’où est issue la
Bibliothèque nationale. Il agrandit également l’enceinte de Philippe Auguste,
pour tenir compte de la croissance de la rive droite. Cependant, l’âge d’or du
Paris médiéval a déjà pris fin. Un premier fléau touche Paris en 1348: la peste
noire emporte un Parisien sur trois. Puis la peste s’éloigne, mais revient à
intervalles réguliers jusqu’en 1430. A l’épidémie s’ajoute la guerre de Cent
Ans, qui oppose le roi de France à celui d’Angleterre. Les défaites françaises
s’accumulent. Le roi exige des impôts de plus en plus lourds. La révolte
gronde.
En 1358, les “Jacques”, paysans d’Ile-de France, se
soulèvent, massacrant les seigneurs. A Paris, Etienne Marcel, le prévôt des
marchands, qui représente la bourgeoisie, se révolte et réclame le contrôle des
impôts. La guerre civile s’ajoute à la guerre étrangère. Les Anglais occupent
Paris en 1420, et y restent 16 ans. En 1429, Jeanne d’Arc ne peut pas reprendre
Paris. La ville, enfin libérée en 1436, fait un triomphe au roi Charles VII.
Ces épreuves ont durement éprouvé la ville. Si sa population se reconstitue
vite, tant l’attraction de Paris est grande, la ville perd son importance
politique et économique. Les rois lui préfèrent les bords de Loire. Le grand
commerce international s’en détourne, au profit des Flandres et de l’Italie. Il
lui faut un siècle pour panser ses blessures.
Vers 1550, Paris est une des cités les plus
peuplées d’Occident. Nobles et prélats, de retour dans la capitale, y bâtissent
d’élégants hôtels particuliers. François Ier et Henri II aménagent
le Louvre en un palais agréable, avec un quai le long de la Seine. Catherine de
Médicis construit le château des Tuileries. Ce siècle si bien commencé, finit
mal, avec les guerres de Religion (24 août 1572, massacre des protestants de la
Saint-Barthélemy). Avant de mourir, Henri IV honore sa capitale par des
constructions de prestige. Il achève le Pont-Neuf (ce n’est pas le premier pont
en pierre de Paris, mais le premier à ne pas porter de maison). De grandes
places, bordées d’immeubles identiques, sont ouvertes: sur l’île de la Cité, la
place Dauphine, dans le Marais, la place Royale, aujourd’hui place des Vosges.
Mais Paris reste, malgré tout, difficile à
contrôler. De 1649 à 1652, Louis XIV, encore enfant, doit affronter la révolte
de la Fronde, qui l’oblige à s’enfuir de la ville. Plus tard, il préfère
établir sa capitale à Versailles, où il bâtit un château, sur le modèle de
l’art classique Parisien. Il ne délaisse pourtant pas Paris: la cour Carrée et
la colonnade du Louvre, l’hôtel des Invalides, datent de son règne. Au XVIIIe
siècle de nouveaux quartiers peuplent l’ouest de Paris. La monarchie organise
la croissance de la ville. Louis XVI fixe la largeur des nouvelles rues, la
hauteur des maisons. Le Paris médiéval commence à disparaître. Les maisons sont
numérotées, les rues éclairées.
Paris, capitale intellectuelle de l’Europe, voit se
multiplier les théâtres, comme celui de l’Odéon, mais aussi les églises: la
Madeleine, Sainte-Suplice, Sainte-Geneviève (actuel Panthéon). Philosophes,
écrivains, se retrouvent dans les cafés, nouveaux lieux de rencontre.
Cependant, la vie reste difficile. Les mendiants sont nombreux. A moindre
crise, le chômage menace, le prix du pain s’envole. Cette population est
sensible aux rumeurs: un bruit de famine et c’est l’émeute.
Paris révolutionnaire
Le Juillet 1789 à Versailles le roi “reconnaît”
l’Assemblée nationale. Le 13 juillet, Paris se donne une municipalité et une
milice, la “Garde nationale”. Il lui faut des armes. Le 14 juillet les
Parisiens prennent la Bastille. Ils s’emparent de cette forteresse du XIVe
siècle, prison-symbole du pouvoir absolu des rois. Le 17 juillet, Louis XVI,
accepte tout, la municipalité, la milice et la cocarde tricolore où les
couleurs de Paris, le rouge et le bleu, encadrent le blanc royal. La foule
parisienne triomphe. Elle impose pendant 5 ans sa volonté au pays. En octobre
1789, elle ramène de force le roi de Versailles aux Tuileries. Paris redevient
la capitale de la France. Par la prise des Tuileries, le 10 août 1792, elle
provoque la chute de la monarchie. Les abbayes abandonnées servent de prisons
ou de clubs politiques. Sur la place Louis XV, devenue place de la Révolution,
on guillotine Louis XVI. La terreur lasse même ses partisans. Le 27 juillet
1794, Robespierre tombe à son tour, sans que Paris ne bouge. Le peuple respire,
mais s’aperçoit vite qu’il n’a plus de rôle à jouer. La révolution est finie. A
la fin de la Révolution, Paris est en piteux état. Les monuments sont à
l’abandon et beaucoup sont détruits. Le sort des Parisiens ne s’est guère
amélioré, le ravitaillement pose toujours des problèmes. L’émigration des
nobles met au chômage des milliers de domestiques, d’artisans de luxe. Napoléon
Bonaparte, en 1798, ramène la confiance. Paris retrouve ses fêtes, souvent
militaires.
Il devient la capitale d’un empire guerrier. Chaque
conquête ramène ses oeuvres d’art. Sacré à Notre-Dame en 1804, l'Empereur veut
faire de Paris la plus belle ville d’Europe. Il fait percer de larges avenues
comme la rue de Rivoli. Aménage les champs Elysées avec en perspective, l’arc
de triomphe de l’Etoile. Il complète le Louvre, édifie
l’arc de Triomphe du Carrousel, mais aussi le pont des Arts, premier pont
métallique de France. On détruit les dernières maisons bâties sur
les ponts de la Cité. Paris est redevenue une des plus belles villes
d’Europe, et l’urbanisme ambitieux de l’Empereur inspira tout le XIXe
siècle.
Après la révolution, toute l’administration du pays
est concentrée à Paris. Pour les gouvernements, il est vital d’avoir la ville
bien en main. Deux personnes la dirigent: le préfet du
département de la Seine, et le préfet de police chargé du maintien de l’ordre.
Jusqu’en 1870, tous les régimes politiques sont renversés par des révolutions
Parisiennes. Les Bourbons, qui restaurent la monarchie en 1815, sont chassés
par la révolution des “Trois Glorieuses”, en juillet 1830. La monarchie de
Juillet, qui leur succède, tombe à son tour, sous le coup de la révolution de
février 1848. Les manifestations de rue du 4 septembre 1870 entraînent la chute
du second Empire et la proclamation de la IIIe République.
Le scénario est toujours le même. Les ouvriers de
l’est Parisien et les étudiants du quartier Latin se soulèvent appuyés par la
Garde nationale bourgeoise. L’armée reste impuissante face aux barricades,
barrages de pavés et objets divers qui l’empêchent de se déployer.
Durant l’hiver 1870-1871, Paris est assiégé par les
Prussiens. Au printemps, la défaite provoque l’insurrection de la Commune de
Paris. Thiers, chef du gouvernement, a compris la leçon des précédentes
révolutions. Il abandonne Paris aux insurgés, rassemble ses troupes à
Versailles, puis reconquiert la ville méthodiquement. C’est la “semaine
sanglante”. Dans la ville dévastée, les Tuileries, l'Hôtel de Ville, brûlent.
Des milliers d'insurgés périssent, fusillés.
Le temps des révolutions Parisiennes s’achève. Au
XIXe siècle se produit une autre révolution: celle de l’industrie.
Les usines se multiplient, loin du centre de Paris. Les lignes de chemin de fer
qui partent des gares Parisiennes, nouveaux monuments urbains facilitent
l’arrivée des provinciaux dans la capitale. Haussmann, préfet de la Seine sous
le second Empire, canalise cette croissance. Annexant onze communes de
banlieue, il donne à Paris sa superficie actuelle, divisée en vingt
arrondissements.
De larges avenues rectilignes remplacent les rues
étroites. Des quartiers entiers, notamment celui de la Cité, sont rasés ou
éventrés. Des centaines d’immeubles sont édifiés. Le réseau d’égouts, prolongé
de 600 kilomètres est modernisé. On construit les Halles, l’Opéra, des
hôpitaux, des ponts. Des espaces verts sont aménagés: les bois de Boulogne et
de Vincennes, les parcs Monceau ou des Buttes-Chaumont.
La IIIe République poursuit l’œuvre
d'Haussmann. Chaque exposition universelle provoque un nouvel aménagement. La
tour Eiffel est érigée pour celle de 1889. La première ligne de métro est
ouverte à l'occasion de l'Exposition de 1900, qui voit aussi la construction du
Grand et du Petit palais. Le centre de Paris prend son aspect actuel.
Paris du XXe siècle
Dans ce nouveau Paris de la fin du XIXe
siècle, la vie semble douce. Les spectacles variés et brillants laissent
l'embarras du choix: opéra, théâtre, music-hall, de l'officielle
Comédie-Française au coquin Moulin-Rouge. Seul le cinématographe, dont la
première séance mondiale a lieu à Paris en 1896, est boudé par la bourgeoisie
qui juge ce divertissement trop populaire. Paris paraît la capitale des
plaisirs et de l'élégance. Ses boutiques de luxe sont célèbres dans le monde
entier. Toute l'Europe suit ses modes.
Cependant, seule une minorité de parisiens profite
de ce luxe apparent. Deux Paris étrangers l'un à l'autre cohabitent sans se
rencontrer. Les travaux d'Haussmann ont définitivement séparé riches et pauvres
qui habitaient autrefois les mêmes immeubles. A l'ouest, les beaux quartiers
aux immeubles modernes et hôtels particuliers, dotés d'eau courante, éclairés
au gaz, ou à l'électricité depuis 1880, sont réservés aux gens aisés. Les
ouvriers, chassés du centre, sont rejetés vers les quartiers de l'est ou, plus
loin, vers la banlieue, dans des logements exigus, sans eau courante le plus
souvent. Pourtant, l'hygiène progresse. On améliore le ramassage des déchets
avec l'usage des “poubelles”, du nom du préfet qui les rend obligatoire. Le
nombre des taudis diminue. Les conditions de vie s'adoucissent. Après la
première guerre mondiale de 1914-18, on parlera avec nostalgie de “la Belle
Epoque”.
En 1914 la guerre vient d'éclater. A Berlin les
Allemands crient “nach Paris” (à Paris). Le 11 novembre 1919 le cauchemar prend
fin et tout Paris fête la signature de l'armistice. Le traité de paix est signé
à Versailles. La grande Victoire, qui réunit tous les Alliés, a lieu sur les
Champs-Elysées, le 14 juillet. Pour Paris commencent les “années folles”. A
Montparnasse se retrouvent artistes et écrivains du monde entier. “Paris est
une fête”, écrit l'Américain Hemingway.
En 1937 tous les pays se retrouvent une dernière
fois à Paris, pour une exposition universelle. Le palais de Chaillot est
construit à cette occasion. Les années folles sont terminées, elles n'étaient
qu'un entre-deux- guerres. Le 3 septembre 1939, après l'invasion de la Pologne
par les nazis, la France et l'Allemagne se trouvent à nouveau en guerre.
Au printemps 1940, l’offensive allemande met
l’armée française en dérouté. Les civils fuient vers le sud. Le 14 juin, les
troupes allemandes entrent dans Paris. Face à l’oppression, beaucoup de
Parisiens rejoignent la Résistance, constituée dès 1940 autour du général de
Gaulle.
Le 6 juin 1944 les Anglo-Américains débarquent en
Normandie. A leur approche, Paris se soulève. Le 25, les troupes allemandes
capitulent. C’est la libération de Paris. La ville en liesse fait un accueil
triomphal au général de Gaulle. Paris libéré est indemne.
La paix revenue, la croissance de l’agglomération
parisienne reprend. Le noyau central des vingt arrondissements évolue peu. Par
contre, la banlieue, apparue à la fin du XIXe siècle, connaît un
rapide essor. L’agglomération parisienne (Paris et sa banlieue) passe de 4,8
millions d’habitants en 1931 à 9 millions en 1982. Un français sur six habite
en région parisienne. Celle-ci repose depuis 1964 sur un nouveau découpage
départemental: 5 nouveaux départements entourent désormais Paris.
Cette croissance profite surtout à la grande
banlieue éloignée de plus de 10 km de Paris. Ceci pose de nombreux problèmes
d’aménagement comme la multiplication des moyens de transport. Un réseau
complexe d’autoroutes et de voies rapides aboutit aux boulevards périphériques,
commencés en 1957. Au métro, s’ajoute depuis 1961 le réseau express régional
(RER), adopté aux besoins des banlieusards. Les Halles, dépassées par les
besoins de la capitale, sont remplacées par le marché de Rungis le plus vaste
d’Europe.
La création de villes nouvelles tente d’harmoniser
la croissance de la banlieue. Aujourd’hui, celle-ci semble stabilisée. Les
efforts se tournent vers l’amélioration de la qualité de la vie dans les
communes “dortoirs” de cette banlieue poussée trop vite.
En 1990, avec plus de 9 millions d’habitants, Paris
est une des premières agglomérations d’Europe. Malgré la décentralisation
entreprise depuis 1981, elle reste en France le centre du pouvoir. Pouvoir
politique, mais aussi économique et financier: 80% des entreprises françaises y
ont leur siège.
Chaque président de la République veut marquer
cette capitale d’une grande création. C’est au général de Gaulle et à son
ministre de la Culture, André Malraux, que l’on doit l’essentiel: la patiente
restauration des principaux monuments, poursuivie depuis par tous leurs
successeurs. On doit à Georges Pompidou le centre Beaubourg, d’art
contemporain. Valéry Giscard d’Estaing a fait de la gare d’Orsay un somptueux
musée du XIXe siècle. François Mitterrand multiplie les grands
projets: le Grand Louvre devient le premier musée du monde. Son entrée, marquée
par les célèbres pyramides, contemple en perspective l’arche de la Défense,
inaugurée à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française.
Epargné par les guerres, Paris offre ainsi à ses
millions de visiteurs un splendide ensemble architectural. Les audacieuses
constructions modernes se cantonnent aux arrondissements périphériques.
Cette ville-musée est aussi une ville vivante. De
nouveaux défis lui sont posés, comme ceux de la circulation automobile, ou de
la pollution. Elle saura trouver de réponses, comme il en a toujours été, de la
Lutèce des Parisii au Grand Paris du XXIe siècle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire