Grandes villes


Grandes villes

     La France est un très vieux foyer de vie urbaine, puisque Marseille a deux mille six cents ans, Lyon, Nîmes, Nice, Reims et bien d’autres plus de deux mille ans. Les cités gauloises ou gallo-romaines furent souvent les ancêtres des villes d’aujourd’hui; ruinées presque toutes par les grandes invasions, les villes ne reprirent vie qu’au milieu du moyen âge: c’est à cette époque que naquirent vraiment la plupart des cités actuelles, souvent comme des citadelles féodales ou royales, mais aussi comme des marchés. C’est depuis le milieu du XIXe siècle que la naissance des voies de communication modernes (chemins de fer) et plus encore de la grande industrie a provoqué une vigoureuse poussée urbaine. Les grandes villes se sont multipliées et il s’est créé des essaims de villes nouvelles autour des mines ou des usines (bassin du Nord, de Saint-Etienne, etc.); il s’en crée encore (bassin houiller de Lorraine). D’autres sont nées de croisements de voies ferrées, du tourisme (stations balnéaires: Le Touquet, Deauville, Biarritz, Juan-les-Pins; stations thermales: Vichy, Evian; centres d’alpinisme ou de sports d’hiver: Chamonix). Autour des villes principales, ont surgi des banlieues d’habitation et d’usines, parfois plus peuplées que la ville elle-même (Rouen, Paris). Aussi depuis un siècle, beaucoup de ville sont triplé, quadruplé leur population, parfois bien plus encore. Certaines pourtant sont restées stationnaires ou ont décliné: Mende n’a pas plus d’habitants qu’avant la Révolution, Falaise a perdu la moitié des siens depuis un siècle et demi. Ainsi la géographie des villes reste mouvante. L’écart entre elles s‘est accru; si certaines villes s’étiolent, d’autres grandissent, mais cette croissance est discontinue. La création d’une usine, d’un commerce nouveau y fait affluer les hommes; cet afflux cesse en cas de crise économique. La France compte 29 villes de plus de 200 000 habitants et une quarantaine de villes de plus de 100 000.

     Paris, capitale politique, siège d’organismes internationaux (Unesco), est aussi une capitale intellectuelle et artistique de rayonnement mondial. Paris est le premier centre industriel et commercial. A côté de vieilles industries, souvent de luxe, toujours vivantes (haute couture, fourrure, bijouterie, livre) sont nées, depuis le XIXe siècle, de grandes industries modernes, surtout métallurgiques (automobiles, moteurs, machines, appareillage électrique), chimiques (colorants, engrais, caoutchouc), alimentaires, du vêtement. Paris possède de très nombreuses gares, les plus grands tirages ferroviaires de France (Villeneuve-Saint-Georges), le plus important port fluvial (bassins de Gennevilliers), les gros aéroports (Roissy, Charles de Gaulle, Orly).

    Marseille est la plus ancienne ville de France, dont Cicéron, Strabon, Tacite ont fait l’éloge. Colonie fondée au VIe siècle av J.-C. par les Phocéens, Massalia (anc. nom de Marseille) connut une longue prospérité au temps des Romains. Au IXe siècle, siège d’une vicomté dépendant du comte de Provence, la ville retrouva son activité au temps des croisades (XIIe-XIIIe siècles). Française en 1481, elle devint un grand centre d’affaires après l’ouverture du canal de Suez. Ses annexes constituent aujourd’hui un “complexe portuaire”, c’est-à-dire un grand centre industriel approvisionné en matières premières par le port. Ses savonneries et ses huileries sont aujourd’hui concurrencées par les fabriques de détergents et par les huileries des pays tropicaux. Ses industries alimentaires (pâtes, semouleries, raffineries de sucre, usine “Nescafé”, chocolateries) sont très vivantes, de même que les cimenteries, les ateliers métallurgiques (constructions navales, aéronautique), les industries chimiques (soude, superphosphates, alumine) et surtout les industries liées au pétrole. Outre ces fonctions portuaires et industrielles, Marseille est aussi le siège de grandes maisons de commerce, de compagnies de navigation et de banques, et un important centre administratif. Elle constitue avec Aix la grande “métropole d’équilibre” du Sud-Est.

     Lyon. A la jonction des plaines de la Saône et du Sillon rhodanien, s’est fixée l’agglomération lyonnaise (2e agglomération de France). Avec Paris, Lyon est le plus important carrefour de la France, et son histoire est liée à cette situation. Capitale de la Gaule romaine Lugdunum (anc. nom de Lyon) était dès la fin du Moyen Age une grande cité marchande. Etape sur la route conduisant de Flandre en Italie, ses foires célèbres réunissent des marchands venus de toute l’Europe. Ainsi s’accumulèrent des capitaux qui, par la suite, purent s’investir dans de nombreuses  industries, favorisées par les ressources régionales en énergie (charbon de Saint-Étienne, électricité des Alpes et du Rhône) et la main-d’oeuvre abondante descendue des montagnes voisines. Lyon reste la capitale de la soierie. Les “soyeux” lyonnais sont avant tout des commerçants qui conçoivent de nouveaux tissus, en confient la fabrication à des façonniers, puis les vendent, en partie à l’étranger. Cette industrie utilise de plus en plus les textiles artificiels (rayonne) et surtout synthétiques (nylon, tergal). Un groupe puissant d’industries chimiques fournit à l’industrie textile des colorants et des matières premières; il donne aussi, dans les localités de la banlieue Sud (Saint-Fons) des matières plastiques, des produits pharmaceutiques (aspirine) et photographiques (firme Rhône-Poulens). La métallurgie de transformation est très importante. L’usine Berliet est la première de France pour la production de camions et d’autocars. La région lyonnaise fabrique aussi des tracteurs, des câbles, du matériel d’équipement électrique.

     Toulouse. Très ancienne capitale de la province du Languedoc, son influence déborde aujourd’hui sur une partie des Pyrénées et du Massif Central. Gardant le passage entre l’Atlantique et la Méditerranée par le Seuil du Lauragais, il commande aussi des routes d’accès aux Pyrénées. La ville ancienne, installée sur la rive droite, à un coude de la Garonne, a été, dans cette plaine sans pierre de taille, construite en
partie en briques: c’est la “ville rose”, avec de beaux monuments (cathédrale, basilique Saint-Sernin, hôtels du XVIe siècle, place du Capitole, etc.) et l’Université qui date du XIIIe siècle.
     Toulouse a des établissements militaires (cartoucherie, poudrerie) et surtout des industries chimiques et aéronautiques en grande partie nationalisées. L’O.N.I.A. (Office National Industriel de l’Azote), énorme entreprise s’étendant sur près d’un kilomètre, fabrique des engrais azotés, des produits ammoniacaux et de l’eau lourde. Les industries récentes sont liées à l’utilisation de l’électricité pyrénéenne, du gaz de Saint-Marcet et surtout de Lacq. Sud-Avion dispose dans la région toulousaine de trois usines et c’est la principale entreprise aéronautique française (elle construit les Caravelles). D’autres firmes d’aviation achèvent d’en faire la “capitale des ailes françaises”. Ces industries de haut niveau technique ont, comme à Grenoble, vivifié la collaboration scientifique avec l’université, et c’est pour la faculté des sciences de Toulouse qu’a été construit le premier microscope électronique français.

     Bordeaux est un port atlantique actif. Longtemps tourné vers les pays français d’outre-mer, surtout africains, son trafic est aujourd’hui beaucoup plus lié aux industries bordelaises qu’au commerce de transit. Les industries bordelaises en font le principal centre industriel du Sud-Ouest. La plupart sont nées des importations du port et le font vivre actuellement: industries alimentaires (huileries d’arachide, raffineries de sucre, minoteries), industries chimiques (phosphates d’Afrique du Nord, acide sulfurique et surtout raffineries de pétrole du bec d’Ambès et de Pauillac, industries métallurgiques (constructions navales, mécaniques et électriques et depuis peu aéronautiques et aérospatiales). Seules, les industries du vin (sulfate de cuivre, tonnellerie, verrerie) et celles du bois (pâte à papier) ont une origine régionale, mais ces dernières doivent importer des bois de Scandinavie.

     Lille est la plus grande ville de toute la France du Nord. Fixée dans un site défensif sur les bords de la Deûle, elle a grandi au Moyen Age comme “ville drapante”, en relations actives avec Gand et Bruges. Ville forte, l’une des capitales des ducs de Bourgogne, Lille fut incorporée à la France en 1667. Devenue le chef-lieu du département du Nord (1804), elle prit rang, au XIXe siècle, parmi les grandes métropoles industrielles. Grâce au charbon l’industrie a repris vigueur et s’est diversifiée. Lille est, par ailleurs, une véritable métropole administrative, universitaire et financière.



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